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Julius Klaproth

DESCRIPTION

DES

ILES
MOU NIN SIMA

1826

(190)


DESCRIPTION

DES

ILES MOU NIN SIMA (1),

C'est-à-dire des îles inhabitées; traduite de
l'ouvrage japonais intitulé
San kokf tsu ran,
imprimé à Yedo en 1785.

      Le véritable nom de ces îles est Okassa wara sima; mais on les appelle communément Mou


      (1) Une notice sur ces îles a déjà été insérée par M. Abel-Rémusat dans le Journal des Savans pour le mois de septembre 1817. Mon savant ami et confrère y transcrit le nom de cet archipel par Bo nin sima. Cependant le premier caractère qui forme ce mot (voû , n° 5454 du Dictionnaire chinois imprimé en 1813 à Paris) se prononce ordinairement mou, quoiqu'il puisse aussi être lu bo. Le Japonais Nicolas Kolotikhin, duquel je tiens l'original du San kokf tsu ran, prononçait le nom des îles inhabitées Mou nin sima; c'est pour cette raison que j'ai adopté cette orthographe.

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nin sima (1), c'est-à-dire îles sans hommes, parce qu'elles ne sont pas habitées. Le premier nom leur vient d'un certain O kassa wara, qui les avait découvertes anciennement, et en avait dressé une carte. C'est de la même manière qu'on a donné au détroit, qui se trouve a l'extrémité du Nouveau-Monde, le nom de Magellan, d'après celui de l'Italien Magellan (Megaranius), qui le découvrit il y a deux siècles.

      Ces îles sont éloignées de 270 ri(2)de la province


      (1) D'après les distances données par l'auteur japonais, qui place ces îles sous le 27e degré de latitude, on peut conclure que ce groupe est le même que celui des îles de l'Archevêque, qu'on a figuré dans la première feuille de la carte des découvertes faites en 1787 par l'infortuné La Pérouse. (Atlas du voyage de La Pérouse, n° 43.)

      (2) L'auteur japonais que j'extrais dit dans sa préface:

      "Les distances dans les trois royaumes que je décris, sont toutes exprimées en ri de notre pays, dont chacun contient trente-six matsi. Je ne me suis pas servi de mesures étrangères. On sait que les Coréens ont adopté le ri chinois (ou mandchou, thsing), qui contient 3 et 1/2 de nos matsi; de sorte que dix ri coréens font un ri japonais. Aux îles de Lieou khieou on se sert du ri japonais de 36 matsi. Au Iesso le ri contient 49 matsi."

      On voit, par cette exposition, que notre auteur se sert de grands ri japonais, dont 18 et 1/2 font un degré de latitude, car ce degré se compose de 181 38611/65625 li (ri) chinois

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japonaise d'Yssou. Du port de Simota, dans cette province, il y a 13 ri à l'île de Miyaké; de là à Sin sima, ou l'île nouvelle, 7 ri; de Sin sima à l'île de Mikoura, 5 ri; de là à l'île de Fatcho ou Fatsisio, 41 ri; enfin de cette dernière à la plus septentrionale des îles inhabitées, on compte en tout 180 ri, et jusqu'à la plus méridionale 200 ri.

      Entre Fatsisio et Mou nin sima sont cinq autres îles, dont une est un rocher nu. Entre l'île de Mikoura et celle de Fatsisio, il y a dans la mer un courant très-fort, qu'on appelle Kourou sô gavá, ou le courant du gouffre noir. Il court avec tant de rapidité, qu'il est regardé par les navigateurs comme le parage de ces mers le plus difficile à passer. On peut le voir sur la carte. Sa largeur est de plus de vingt matsi.

      Les îles qui composent ce groupe sont au nombre de quatre-vingt-neuf; les plus considérables sont deux grandes, quatre de moyenne grandeur, et quatre plus petites. Ces dix îles sont spacieuses et couvertes d'herbes et d'arbres; les


ou mandchous, et le grand ri du Japon contient dix de ces derniers.

      Outre ces grands milles, les Japonais se servent ordinairement de petites dont 33 à 34 font un degré. C'est dans ces derniers que Kaempfer exprime ordinairement ses distances.

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plaines offrent un séjour agréable aux hommes. Quant aux autres, ce ne sont que des rochers escarpés, stériles et inhabitables.

      Cet archipel se trouve sous le 27° de latitude boréale; le climat y est chaud, et rend très-fertiles les vallées situées entre les hautes montagnes, et arrosées par des ruisseaux. Elles produisent des légumes, des grains de toute espèce, une grande abondance d'herbages et des cannes à sucre. L'arbre appelé Nan kin fadze, ou l'arbre de suif(croton sebiferum), y croît, de même que l'arbre de cire. La pêche y est bonne, et il est vraisemblable que ces îles renferment des mines de métaux et de pierres précieuses.

      On parlera plus bas des plantes et des arbres qu'on trouve sur les côtes. On y voit très-peu de quadrupèdes. Il y a de grands arbres qui sont si gros, qu'un homme ne peut les embrasser, et qui ont souvent trente brasses chinoises (de huit pieds) de hauteur. Leur bois est dur et beau. On y trouve encore des palmiers très-élevés, des cocotiers, l'arbre qui porte l'areca, celui dont les noix s'appellent pe louon tsu, le katsiyan, le bois de sandal rouge, le fou mou, le camphrier, les figues caques des montagnes, des arbres hauts dont les feuilles ressemblent à celles du lierre, des cannelliers, des mûriers et autres.

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Parmi les plantes on compte le smilax china, et d'autres qu'on emploie dans la médecine.

      Quant aux oiseaux, on y voit différentes espèces de perroquets, des hérons, des perdrix, des oiseaux qui ressemblent à des mouettes blanches, mais qui ont trois pieds de longueur. Tous ces oiseaux sont si peu farouches, qu'on peut les prendre avec la main.

      Les principales productions du règne minéral qu'on trouve dans cet archipel, sont l'alun, le vitriol vert, des pierres de différentes couleurs, des pétrifications et d'autres.

      Dans la mer il y a des baleines, de grands homards (1), d'énormes coquillages et des oursins, qu'on appelle fiel de mer (2). L'Océan y est généralement riche en productions variées.

      En 1675, Simayé tsaghema, Biso tsaghema et Simayé dairan tsaghema, tous les trois habitans


      (1) En chinois, ta hai lao (1797—4993—8281), c'est-àdire vieillard de mer. En japonais, oo yebi. Yebi signifie homard; il est synonyme du chinois hai hia (4993—12,841) qui est le nom qu'on donne aux grandes écrevisses de mer, qu'on appelle ordinairement loung hia (13,287—9520). Kaempfer rapporte aussi qu'on trouvait dans les îles Bune sima de grandes écrevisses dont quelques-unes avaient quatre à cinq pieds de long.

      (2) En chinois, hai tan (4993—8615 ).

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de Nangasaki, avaient fait un voyage par mer jusqu'à la province d'Ysou; ils étaient montés sur une grande jonque construite par un maître charpentier chinois. Ces trois hommes, très-instruits en astronomie et en géographie, étaient accompagnés de Fatobé, premier charpentier de la marine du port de Yedo, qui avait sa demeure dans la grande rue des Filets. Leur bâtiment était conduit par trente matelots. Après avoir pris un passe-port de la marine impériale, ils quittèrent le port de Simota le cinquième jour de la quatrième lune, et se dirigèrent sur l'île de Fatsisio. De là ils naviguèrent vers le sud-est, et trouvèrent un groupe de quatre-vingts îles. Ils en dressèrent la carte et une description exacte, dans laquelle se trouvent des détails curieux sur la situation , le climat et les productions de cet archipel. Ils revinrent, le vingtième jour de la sixième lune de la même année, à Simota, où Simayé publia la relation de son voyage.

      Il est remarquable que cet auteur ne fait aucune mention du courant rapide de Kourou sô gava, qui se fait sentir entre les îles Mikoura et Fatsisio, dont la largeur surpasse vingt matsi, et dont la vitesse est d'environ cent ri de l'est à l'ouest. Cette omission serait inconcevable, si ce courant n'étaitpas beaucoup moins fort en été et en automne, qu'il ne l'est en hiver et au printems.

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Simayé, allant à Mou nin sima, l'avait passé dans les premiers jours de la lune intercalaire qui suivit le quatrième mois; en retournant, dans les derniers jours de la sixième lune, il doit avoir trouvé la rapidité du courant moins forte; de sorte qu'il n'a pas fait attention a ce passage dangereux.

      La plus considérable des quatre-vingts îles a 15 ri de circuit; elle est donc à peu près de la grandeur de celle d'Yki. Une autre a 10 ri de circonférence, et égale en grandeur l'île d'Amakousa. Outre ces deux, il y en a encore huit qui ont de 2 à 6 et 7 ri de circuit. Ces dix îles ont des terrains plats qui pourraient devenir habitables, et sur lesquels les céréales réussiraient très-bien. Le climat y est chaud et favorable à la culture, comme on peut le conclure par leur position géographique. Il y a différentes productions précieuses. Les autres soixante-dix îlots ne sont que des masses de rochers qui ne produisent rien.

      On a envoyé dans ces îles une colonie de voleurs condamnés aux travaux forcés ; ils y cultivent la terre et font des plantations. Ils se sont réunis en villages: on y recueille les mêmes choses que dans les autres provinces de l'empire. On peut aller à ces îles, et en rapporter les productions dans la même année. Les relations commerciales se sont établies de cette ma-

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nière, et le bénéfice qu'on en retire est considérable.

      Dans les années anyee (de 1771 à 1780), moi, l'auteur de cet ouvrage, j'étais employé dans la province de Fisen. J'y fis la connaissance d'un Hollandais nommé Arend Verlev Veit, qui me communiqua une géographie (y eo ga ra fiya), dans laquelle il est fait mention des îles situées à 200 ri au sud-est du Japon, et que l'auteur appelle Woeste Eiland. Woeste (1) signifie désert, et eiland (ou heiland, comme on le lit dans l'original), île. Il dit que ces îles ne sont pas habitées, mais qu'on y trouve plusieurs espèces d'herbes et d'arbres. Les Japonais ont établi une colonie sur une de ces îles, sur laquelle les céréales et d'autres productions prospèrent. Malgré la longueur de la navigation, cet établissement est utile pour nous. Quant à la compagnie hollandaise (Oran konfania), elle ne retirerait que très-peu de profit de la posssssion de ces îles.

      Je ne donne pas la carte des îles Mou nin sima, qui accompagne l'original japonais, parce que M. Rémusat l'a fait lithographier en 1817. Au surplus, ce n'est qu'une esquisse grossière, dans laquelle les proportions ne sont nullement gardées. La grande île du nord, qui, d'après le texte du


      (1) En chinois, houang ti {8941-—1557), terra vacua.

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San kokf tsu ran, et d'après une notice insérée dans la carte même, n'a que 15 ri (20 1/2 lieues de France ) de circonférence, y est figurée comme ayant (à proportion du degré à 18 1/2 ri ) 42 ri de l'est à l'ouest, et 32 du sud au nord. Cependant l'auteur la compare, pour la grandeur, à Iki, qui n'a qu'environ 20 lieues de tour. La grande île du sud, qu'il compare à celle d'Amakousa, et qui ne doit avoir que 10 ri de circonférence (13 1/2 lieues), montre sur la carte 33 ri du sudest au nord-ouest, et environ 20 dans sa plus grande largeur (1).

      Arrowsmith, le plus ignare de tous ceux qui se sont occupés à fabriquer des cartes, s'est emparé du fac simile publié par M. Abel Rémusat, et l'a copié tel qu'il était, dans sa carte d'Asie, en quatre grandes feuilles, terminée en 1818, et revue en 1822. De cette manière, ces îles y paraissent trois fois plus grandes qu'elles ne le sont en effet. Le malheur ne serait pas grand, si cette inexactitude restait sur la carte d'Arrowsmith seule; mais comme de soi-disant géographes, en


      (1) La grande île du sud se doit trouver sous le 27° degré de latitude, et celle du nord sous le 27° 30'. Sur la carte japonaise cette proportion n'est pas gardée, car si l'île méridionale est sous le 27 ° de latitude, la septentrionale s'y trouve sous le 29°.

(199) 199

France et en Allemagne, se contentent de copier celles du paltry map-maker(1) de Londres, cette faute, et vingt mille autres, se reproduisent sur toutes nos cartes d'Asie, et se répandent sur le continent.

      Il serait à désirer que le peu de personnes qui font de la géographie une étude scientifique, et qui sont en état de juger les productions horribles qu'on nous offre journellement sous le nom de cartes, se donnassent la peine de les examiner et de les critiquer sévèrement. Ils devraient publier les jugemens qu'ils en portent, en indiquant les fautes les plus graves. C'est la seule manière d'instruire le public, pour qu'il se tienne sur ses gardes et ne donne pas sa confiance à des ouvrages qui n'ont d'autre mérite que celui de la beauté de la gravure.


      (1) Expression très-heureuse du Quarterly Review, n° LII. Janvier 1822, pag. 514.

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