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DESCRIPTION
DES
ILES INHABITÉES
(Une carte de ces îles accompagne cet ouvrage.)
Le nom primitif de ces îles est O gasa wara sima, mais on les appelle ordinairement Mou nin sima (Wou jin tao), ou Iles sans hommes, et c'est ce nom que j'ai adopté dans mon ouvrage. Celui de Ogasa wara sima, ou îles d'Ogasa wara, leur a été donné d'après le navigateur qui les a visitées le premier, et qui en a dressé la carte. C'est de la même manière qu'on a appelé la partie méridionale du Nouveau monde, Megalania, d'après le nom de l'italien Megalanius, qui l'a découverte il y a deux cents ans.
Les îles Mou nin sima se trouvent à 270 ri au sud-ouest de la province Idzou. De Simota dans la même province, il y a 13 ri à l'île de Miyake; de là à Sin sima, ou l'île nouvelle, 7
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Carte des Iles Inhabitées ou Mou Nin Sima appellées aussi O Gassa Wara Sima, (66 x 32 cm, or 26" by 12 1/2")
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ri; de Sin sima à l'île de Mi koura 5 ri; de là à l'île de Fa tsiô, ou Fa tchô, 41 ri; enfin de cette dernière, à la plus septentrionale des îles inhabitees, on compte 180 ri, et jusqu'à la plus méridionale 200 ri.
Dans la mer entre Fa tsiô et Mou nin sima sont cinq autres îles, dont une est un rocher nu. Entre l'île de Mikoura et celle de Fa tsiô, il y a dans la mer un courant très fort, qu'on appelle Kouro sê gawa, ou le Courant du gouffre noir. Il court avec tant de rapidité, qu'il est regardé par les navigateurs comme le parage de ces mers le plus difficile à passer. On peut le voir sur la carte.
Les grandes et les petites îles et les rochers qui composent ce groupe sont au nombre de quatre-vingt-neuf; les plus considérables des îles sont deux grandes, quatre de moyenne grandeur, et quatre plus petites. Ces dix îles sont spacieuses et couvertes d'herbes et d'arbres; les plaines offrent un séjour agréable aux hommes. Quant aux autres, ce ne sont que soixante-dix rochers escarpés, et qu'on n'a pas assez explorés pour savoir s'ils peuvent être habitables.
Cet archipel se trouve par le 27° de latitude boréale; le climat y est chaud, et rend très fertiles les vallées situées entre les hautes montagnes, et arrosées par des ruisseaux, de sorte qu'elles pourraient produire des légumes, du
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blé, du sorgho, des grains de toute espèce, et des cannes à sucre. L'arbre appelé Nan kin faze, ou l'arbre de suif (croton sebiferum), y croît, de même que l'arbre de cire. La pêche y est bonne et pourrait être d'un grand rapport.
Beaucoup de plantes et d'arbres croissent dans ces îles, mais on y voit très peu de quadrupèdes. Il y a de grands arbres qui sont si gros, qu'un homme ne peut les embrasser, et qui ont souvent trente brasses chinoises (de huit pieds) de hauteur. Leur bois est dur et beau. On y voit encore des arbres très hauts qui ressemblent au Siou ro (Tsoung liu, ou Chamoerops excelsa); des cocotiers, l'arbre qui porte l'areca, celui dont les noix s'appellent en chinois Pe louan tsu, le Katsiran, le bois de sandal rouge, le le Foû moû, le camphrier, les figues caques des montagnes, des arbres hauts dont les feuilles ressemblent à celles du lierre, des cannelliers, des mûriers et autres.
Parmi les plantes on compte le Smilax china, appelé San ki rèi, le Tô ki, une herbe médicinale nommée Assa ghiou kwa et d'autres.
Quant aux oiseaux, on y voit différentes espèces de perroquets, des cormorans, des perdrix , des oiseaux qui ressemblent à des mouettes blanches, mais qui ont trois pieds de longueur. Tous ces oiseaux sont si peu farouches, qu'on peut les prendre avec la main.
Les principales productions du règne miné-
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ral qu'on trouve dans cet archipel, sont l'alun, le vitriol vert, des pierres de différentes couleurs, des pétrifications et d'autres.
Dans la mer il y a des baleines, de grands homards (1), d'énormes coquillages et des oursins, qu'on appelle fiel de mer. L'Océan y est généralement riche en production variées.
Dans la troisième des années Ghen fô(1675), Simaye Saghemon, Biso Saghemon et Simaye dairo Saghemon, tous les trois habitans de Nanga-saki, firent un voyage par mer jusqu'à la province d'Ydzou; ils étaient montés sur une grande jonque construite par un maître charpentier chinois. Ces trois hommes, très instruits en astronomie et en géographie, étaient accompagnés de Fatobe, premier charpentier de la marine du port de Yedo, qui avait sa demeure dans la petite rue des Filets. Leur bâtiment était conduit par trente matelots. Après avoir pris un passe-port de la marine impériale, ils quittèrent le port de Simota le cinquième
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jour de la quatrième lune, et se dirigèrent sur l'île de Fa tsio. De là ils naviguèrent vers le sudest, et trouvèrent un groupe de quatre-vingts îles. Ils en dressèrent la carte et une description exacte, dans laquelle se trouvent des détails curieux sur la situation, le climat et les productions de cet archipel. Ils revinrent, le vingtième jour de la sixième lune de la même année, à Simota, où Simaye publia la relation de son voyage.
Il est remarquable que cet auteur ne fait aucune mention du courant rapide Kouro se gawa, qui se fait sentir entre les îles Mikoura et Fa tsio. Sa largeur surpasse vingt matsi; il court avec une grande vitesse environ cent ri de l'est à l'ouest. Cette omission serait inconcevable, si ce courant n'était pas beaucoup moins fort en été et en automne, qu'il ne l'est en hiver et au printemps. Simaye, allant à Mou nin sima, l'avait passé dans les premiers jours de la lune intercalaire qui suivit le quatrième mois; en retournant, dans les derniers jours de la sixième lune, il doit avoir trouvé la ràpidité du courant moins forte; de sorte qu'il n'a pas fait attention à ce passage dangereux.
La plus considérable des quatre-vingts îles a 15 ri de circuit; elle est donc à-peu-près de la grandeur de celle d'Yki. Une autre à 10 ri de circonférence, et égale en grandeur l'île d'Amakousa (Tian thsao). Outre ces deux, il y en a
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encore huit qui ont de 2 à 6 et 7 ri de circuit. Ces dix îles ont des terreins plats qui pourraient devenir habitables, et sur lesquels les céréales réussiraient très bien. Le climat y est chaud et favorable à la culture, comme on peut le conclure par leur position géographique. Il y a différentes productions précieuses. Les autres soixante-dix îlots ne sont que des masses de rochers escarpés qui ne produisent rien.
On a envoyé dans ces îles une colonie de voleurs condamnés aux travaux forcés; ils y cultivent la terre et ont fait des plantations. Ils se sont réunis en villages: et on y recueille les mêmes choses que dans les autres provinces de l'empire. On pourrait aller à ces îles, et en rapporter les productions dans la même année. Les relations commerciales s'établiraient facilement de cette manière, et le bénéfice qu'on en retirerait serait considérable. Cela saute aux yeux.
Dans les années An yèi (de 1771 à 178), je fus envoyé avec une commission dans la province de Fisen. J'y fis la connaissance d'un Hollandais nommé Aarend Werle Veit, qui me communiqua une Géographie (Ze o gâ ra fi), dans laquelle il est fait mention des îles situées à 200 ri au sud-est du Japon, et que l'auteur appelle Woest Eiland. Le mot Woest signifie désert, et eiland (ou yeirand, comme on le lit dans l'original), île. Il dit que ces îles ne sont pas habi-
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tées, mais qu'on y trouve plusieurs espèces d'herbes et d'arbres. Les Japonais pourraient établir une colonie sur une de ces îles, sur laquelle les céréales et d'autres productions prospéreraient. Malgré la longueur de la navigation, cet établissement serait utile pour eux. Quant à la compagnie hollandaise (Oran konfania), elle ne retirerait que très peu de profit de la possession de ces îles, qui sont trop éloignées et trop petites pour elle.
J'ai cru devoir rapporter ces paroles qui méritent qu'on y réfléchisse, et je termine par elles, ce que j'ai voulu dire sur les îles Mou nin sima.
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TRANSCRIPTION NOTES
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